F  comme Festival (de Cannes)-

Evidemment je comprends que l’interruption des Festivals de cinéma de cet été ait pu décevoir les directeurs des grands festivals (comme le festival de Cannes) qui n’ont rien à voir avec les petits festivals (comme le festival mondial des Films Sauvages de Bruxelles).

En effet dans les très grands FESTIVALS, le réalisateur dont le comité de sélection a eu le plaisir de retenir son film, est accueilli par une voiture avec un chauffeur bénévole stagiaire sous payé, et puis il  est logé dans un hôtel, et puis il y a les critiques de cinéma du monde entier qui posent les questions  dont les réponses se trouvent dans le dossier de presse qui a été remis en mains en propre à chaque critique par une armée de stagiaires bénévoles sous payés engagés pour prendre un exemple par la Semelle de la Critique qui est par ailleurs particulièrement intransigeante sur l’utilisation d’une carte de presse (facturée cinquante quatre euros  par an) et qui n’autorise pas le critique à inviter avec sa carte de presse sa mère, sa belle mère, son copain, ou à un cinéphile désargenté. Cette accréditation  qui tient lieu d’invitation strictement nominative du Grand Festival qui se veut une manifestation aussi populaire que l’arrivée du Tour de France sur les Champs Elysées affiche cependant  sur le côté droit de son accréditation une série de pastilles de différentes couleurs  qui présente un point en commun avec des cercles concentriques décrits par Dante, ces pastilles dans les Grand Festival donnent  en effet accès soit à une projection, soit à une rencontre avec le réalisateur, soit à des soirées privée et c’est peut être d’ailleurs  ce système de pastille bleue verte ou rouge qui a conduit la compagne d’un réalisateur à se défénestrer, la pastille verte et la cocaïne servie à profusion afin de faire taire tout sentiment de culpabilité l’avaient peut être désinhibée  de sa peur du vide,  et puis il y dans les Grands Festivals Régionaux  générant des points débouchant sur une aide à la production de films indépendants, le mot du Délégué qui remercie les autorités culturelles  tout en rappelant le souci d’une diversité encadrée par les stands du marché du film associé à France Culture .

Aussi est il intéressant de noter que l’interruption même momentanée de ces Grands Festivaux, permettront aux réalisateurs de se détourner de la compétition, du marché, du Mot du Président, de Télérama et de réaliser les films qu’ils portent au fond de leur cœur de réalisateur.

Il n’est pas non plus illusoire de considérer que l’interruption estivale de l’obligation du comptage de nombre de bières et des entrées dûment tamponnées dans les festivaux de la Ville exigés  au nom de la Transparence de l’honnêteté par les anciens Maos reconvertis dans l’espace culturelle favorisera  ces merveilleux espaces de confrontation que sont les petits festivals non subventionnés battant ainsi en brèche la consigne qui impose que tout organisme culturel recevant une subvention se doit de s’interdire tout esprit partisan et donc doit être apolitique (c’est sans doute pour cette seule raison qu’un Grand Festival de Documentaire a  retiré de la programmation des films de cinéastes israéliens non pas comme la direction du festival l’a prétendu pour protester contre l’agression israélienne dans la bande de Gaza, mais bien parce que dans le Grand Festival le cahier des charges impose encore une fois au nom de l’apolitisme républicain et laïc  de regarder des films, de questionner le cinéaste sur ses projets, et de cantonner ainsi le cinéma dans un spectacle, ce qui ne serait pas grave en soi,  si ces mêmes auteurs sélectionnés n’arrêtent pas de répéter qu’ils sont contre la mondialisation, contre le profit etc etc..

Mais chez nous, encore faudrait il s’entendre sur ce terme de nous, mais justement, c’est un nous informel, sans barrière, sans périmètre et qui échappe  à toute reconnaissance fiscale, juridique et subventionnée, nous créons dans nos petits festivals un espace de confrontation permanent  sans aucun cahier des charges. Nous logeons les cinéastes chez les habitants. Nos entrées à prix libre et notre buvette à libre prix en s’échappant des services de la culture comptabilisée de la mairie ne nous impose pas un souci de rentabilité qui influence une programmation et nous permet ainsi de rembourser les frais de déplacement.

Nous ne défendons pas  le statut de représentation sociale et rassurant de l’artiste reconnu qui comme n’importe quel entrepreneur est inclus dans le marché, le dossier de presse, les pages culturels du Libé.

Des cercles sans prise de la pastille rouge verte ou jaune se forment.

Le subventioneur peut parler

L’éducateur peut parler

Le coordinateur de la Mairie peut parler

Le public l’a écouté.

Ils se sont tus

Nous ne sommes pas l’avant-garde.

Vous vous levez et ils vous applaudissent

Film de Merejkowsky