comme Palais de l’Elysées – Pension pour chats

Evidemment vous avez parfaitement raison. Tout a commencé comme ça. La veille j’avais déclaré sur mon attestation de déplacement dérogatoire que je me déplaçais à proximité de mon domicile pour effectuer des achats de première nécessité, et en remontant chez moi par l’escalier de service afin d’éviter d’appuyer mon index sur le bouton d’appel de l’ascenseur, j’ai glissé ma main droite dans ma poche gauche, mon cœur s’est accéléré, le manque d’oxygénisation de mon cerveau a accentué l’effet d’une panique incontrôlable,  j’avais perdu mon portefeuille contenant ma carte d’identité qui confirme l’identité que je signifiais sur l’attestation dérogatoire et ma carte bleue qui me permet de ne pas poser mon index sur les billets de banque porteurs du virus mortel. La fenêtre était fermée, heureusement. Elle n’était pas ouverte.  Je me mis à tourner autour du tabouret du piano. Les commissariats étaient fermés pour cause de confinement. Je ne pouvais obtenir le récépissé qui confirmait la perte de ma carte d’identité et de ma carte bleu.  Je n’avais plus d’identité. Je n’avais plus d’argent pour effectuer les achats de première nécessité que je certifiais sur l’honneur,  et je me répétais « cette fois ci c’est fini je n’ai plus d’issue » et en plus elle, qui sait elle ? elle m’avait dit au téléphone que Macaroni avait décidé de nous exterminer par pur sadisme, et dix minutes après avoir  fondu en larmes parce que j’avais  retrouvé mon portefeuille qui avait glissé sous une partition de l’Art de la Fugue de Jean Sébastien Bach, le Ministre de la Santé annonça dans une brève allocution que les français faisant preuve de relâche, il était possible que le début du confinement annoncé pour le 11 mai soit remis en cause, alors que la veille le Premier Ministre avait félicité les français pour leur discipline, et je me suis souvenu que Macron président de la République nous avait dit qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail, et que tous les trois mois je remplis, parce que pour eux je suis coupable, fraudeur, une déclaration attestation non dérogatoire stipulant sur l’honneur que je n’ai eu aucun revenu durant les trois derniers mois, alors que dans le même temps, ils décident de nous verser cent cinquante euros de prime reconnaissant ainsi qu’en cette période d’auto-assignation à résidence, il ne peut plus y avoir de petits boulots au noir, d’où cette prime, qui est l’aveu de leur mensonge qu’ils nous impose d’endosser en nous contraignant à mentir pour justifier leur réglementation humiliante et d’un seul coup, je perçois leur mise en scène, un jour les masques ne servent à rien, un autre jour les masques deviennent obligatoire, un jour le remède n’est pas validé, un jour le remède sera validé, et la semaine suivante les enfants doivent aller à l’école, mais en fait non il y a des maladies suspectes qui attaquent les petits enfants de la maternelle, j’ai compris, les pétitions qui les visent sont initiées par la bourgeoise, des gens qui savent rédiger une plainte, qui sont avocats, gardiens de prison, commandant du porte avion Charles de Gaulle, voir même Juge de dernière instance,  et  leurs interventions allocutions sur les chaines d’information sont en fait les réponses qu’ils adressent à leur juge des mises en examen puisque ils précisent qu’à telle date, et à telle heure, ils ont dit sur les chaines d’information en leur qualité de ministre, maire, directeur d’école ou de prison qu’il fallait porter des masques, se laver les mains avec du pastis alcoolisé, et ils contribuent par ce calendrier précis de leurs propos à renforcer les fondements du droit bourgeois qu’ils ont eux même instauré  afin de nous prémunir contre les idéologies qui nous ont tant fait de mal depuis 68  et qui par un effet saisissant de boomerang déclenche une série de dénonciation en cascade qu’ils ne parviennent plus à contrôler et qui finira par rejeter l’ultime responsabilité sur les abstentionnistes aux élections qui sont en définitive les seuls responsables par leurs incivilités répétées du manque de masque, de la prolifération des papier gras et des déchets nucléaires éternels, alors dans la nuit,  pour apaiser les battements de mes veines devenue folle, je me projette devant les mitraillettes des policiers stationnant devant le Palais de l’Elysées et je m’entends exiger ma mise en examen parce que je me livre trois fois par jour à des achats de première nécessité et je me place ainsi par ma demande de mise en examen dans le sillage du personnel d’encadrement éducatif, politique, ou carcéral, en avouant à mon juge d’instruction que je préfère me déclarer coupable afin de ne pas sombrer dans une  crise de panique qui aurait eu pour objet de trouver un sens à une culpabilité qui m’a été léguée en héritage comme le studio que j’occupe en propriété nue. Je suis nu. Nu j’ai été. Nu je demeure. Ils me disent : Signe…Et je signe. Je signe, je signe. Je signe mon attestation, mon droit d’auteur, ma déclaration trimestrielle de non revenu. Je ne suis plus un spectacle. Je ne suis pas le spectacle de la salle de cinéma et de théâtre en permanence confiné. Je ne me filme pas en selfy téléphone portable ma mise en accusation. Je suis passé à l’acte. Ombres. Cris..Silence. Sang.. Envoyés spéciaux. Remise de médailles pour le Lieutenant Gendarmerie qui a fait le sacrifice de sa vie. Et puis au coin de cette rue qu’il suffit juste de traverser,  un rai de lumière, de cette lumière banale que nous ne remarquons pas en plein jour éclaire entre les barreaux de la cave, le papier glacé d’une brochure qui affirme que les portes des chambres restant ouvertes dans la journée, le chat peut s’amuser avec les autres chats dans le couloir de la pension  pour chat.

 

Post scriptum

N’ayant pas la force de supporter la crise de panique que provoquera en moi la lecture de ce texte, je vous prie de me pardonner pour ses incohérences.